Les dessins du département des Estampes et de la Photographie de la BNF
Pour la reprise des activités de Bella Maniera, Pauline Chougnet, conservatrice en charge des dessins à la BNF, avait vu les choses en grand : 9 dessins exceptionnels de Dürer pour débuter notre visite sur le thème des dons et acquisitions, au département des estampes de la BNF. Nous avons donc commencé par les merveilleux dessins appartenant autrefois à la collection de l'abbé Michel de Marolles et acquis par Colbert en 1667. Parmi les 120.000 dessins de ce fonds, les Dürer sont d'autant plus fascinants qu'ils résistent aux catégories de classement des conservateurs (on trouve trois tempera sur lin) et aux définitions des historiens de l'art (possiblement préparatoires à un projet et hypothétiques identifications des personnages).
Tout aussi célèbre, le don de François Roger de Gaignières en 1711 qui consiste en des centaines de dessins d'après des monuments liés à la monarchie française, dans de nombreuses régions en France. De l'exhaustivité sans systématisme qui a connu une grande postérité, si l'on pense aux recueils de Montfaucon par exemple. Le fonds est apprécié des historiens et historiens de l'art, et est au coeur du projet Collecta, mené par Anne Ritz-Guilbert et Sophie Fétro, en partenariat avec la BNF, l'Ecole du Louvre et l'université Paris 1. Parmi les 600 portraits au crayon du XVIe siècle français, de Clouet à Dumontier, nous avons apprécié celui du peintre Antoine Caron réalisé peut-être par François Quesnel.
Plus original, le don d'une gouache contrecollée sur un panneau de bois, représentant François Ier en déité composite. Don réalisé en 1765, par le plus féru d'Antiquité du XVIIIe siècle en France, le comte de Caylus, en l'honneur de celui qui a créé le dépôt légal.
Droite : Attribué à François Quesnel, Portrait d'Antoine Caron, 1592, pierre noire et sanguine, H. 349 ; 249 mm, Paris, BNF, Estampes, RESERVE BOITE FOL-NA-22 (4)
Gauche : Maître des Heures d'Henri II, François Ier en déité, vers 1545, gouache sur parchemin contrecollé sur bois, H. 234 L. 134 mm, PAris, BNF, Estampes, NA 255 objet
Encore plus surprenant, l'acquisition réalisée en 1784, par Hugues-Adrien Joly, lors de la vente après-décès du duc de La Vallière. Il réservait à une éventuelle visite du roi cette suite sur le voyage du vénitien Carlo Maggi.
En 1819, la bibliothèque acquiert plusieurs centaines de dessins de l'architecte François Joseph Bélanger. Parmi eux, une suite sur les cheminées qui hérite des gravures réalisées par Giovanni Battista Piranesi, tant par le sujet que la volonté de créer son propre vocabulaire ornemental. La date d'acquisition du fonds Bélanger fait suite au legs de l'architecte et théoricien Étienne Louis Boullée, qui s'inscrivaient parfaitement avec les collections topographiques. Pauline Chougnet, rédige actuellement un ouvrage en collaboration avec le professeur Jean-Philippe Garric, dédié aux dessins d'architecture du XVIIIe siècle. De 1861 à 1863, les collections de dessins anciens de la bibliothèque Sainte-Geneviève sont transférées à la bibliothèque alors impériale. On y trouve notamment de nombreux dessins italiens que nous avons pu observer... Nous avons eu le plaisir de regarder les dessins d'Edouard Manet offerts par le collectionneur Étienne Moreau-Nélaon, en 1927. Pauline Chougnet avait sorti le seul exemplaire gravé du montreur d'ours.
La visite s'est achevée sur trois acquisitions. D'abord, celle réalisée en 1898 d'un carnet de Valenciennes, composé de vues de Rome. Ensuite, un achat de 2015 : la publication de l'annonce d'une vente aux enchères, entièrement quadrillée par les croquis de Saint-Aubin. Enfin, la première (et on espère vivement pas la dernière) acquisition en 2017 de Pauline Chougnet : une petite mais magnifique feuille du portraitiste Nanteuil achetée en 2017.
Merci ! C'est la première fois que nous résumons la totalité d'une visite sur le blog. La principale raison est que cette visite a suscité un nombre de demandes d'inscriptions jamais atteint dans la jeune histoire de l'association (et que j'ai pris des notes sur mon portable quand je me poussais pour que chacun puisse voir les oeuvres).
J'espère que la lecture consolera ceux qui n'ont pas pu venir, tout en leur donnant envie de consulter les œuvres sur place, car rien ne vaut la rencontre de visu !
Informations pratiques :
Pour consulter le catalogue en ligne et celui de Gallica.
Pour (re)découvrir les inventaires du département, dont certains publiés, et mis en ligne, ou en cours ou à faire...
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