Visite de la galerie Terrades à Paris
Le 2 octobre, Gabriel Terrades et Antoine Cahen nous ont ouvert les portes de leur galerie située près du jardin des Tuileries. Fondée en 1987, par Gabriel Terrades, la galerie se trouve, depuis 2002, rue d’Alger. Elle présente des tableaux, des dessins et des sculptures allant du XVIe au XXe siècles. Antoine Cahen est expert en estampe ancienne et moderne, associé à la galerie Terrades. Gabriel Terrades compte parmi les co-fondateurs du Salon du Dessin, où la galerie expose chaque année.
Notre visite a été surtout l’occasion de découvrir ou re-découvrir de merveilleux dessins italiens, français et espagnols, dont nous vous offrons un résumé, à travers quelques œuvres choisies.
Gaspar van Wittel dit Vanvitelli, Rochers dans la campagne romaine, plume et encre brune,
aquarelle bleue, H. 232 ; L. 340 mm, Galerie Terrades.
Sur les murs, se côtoient les dessins du Parmesan, du « Maître aux Paysages bleus », de Nicolas Ozanne, du Guerchin et de Puvis de Chavanne notamment. Antoine Cahen a commencé la présentation en nous montrant l’étude de Parmesan, préparatoire au tableau de La Vierge à l’enfant avec Saint Jean-Baptiste et Saint Jérôme, conservé à la National Gallery de Londres. L’œuvre illustre parfaitement le soin et la délicatesse des études à la sanguine réalisées par l’artiste, en se concentrant ici sur l’étude de l’épaule et de la position de la Vierge.
À gauche : Parmesan, Étude préparatoire pour la Vierge à l'enfant avec Saint Jean-Baptiste et Saint Jérôme, v. 1527, sanguine, Galerie Terrades.
À droite : Parmesan, La Vierge à l'enfant avec Saint Jean-Baptiste et Saint Jérôme, v. 1527, huile sur panneau, H. 342 ; L. 148 cm, Londres, National Gallery, inv. NG33.
Non loin du nom illustre de Parmesan, se situe une feuille séduisante, presque anonyme. En effet, elle provient d’un carnet aujourd’hui démembré, attribué à un artiste désigné comme le « Maître aux Paysages bleus ». L’œuvre représente une colline boisée au pied de laquelle déambulent deux personnages, dont un chevant une mule, à l’encre brune et au lavis brun sur un magnifique papier bleu. Une soixantaine de dessins de la même taille existent, tous numérotés en haut à droite. L’ensemble a été attribué à Claude Gelée, dit Le Lorrain, avant d’être finalement donné à un anonyme français. De toute évidence, l’artiste de ce dessin s’est formé à Rome, puisant son inspiration dans les compositions de Claude Gelée et de Giovanni Francesco Grimaldi. Cette feuille provient de la collection de W. Esdaile (L. 2617).
Le « Maître aux Paysages bleus », Un Bosquet dans les environs de Rome, v. 1640,
plume et encre brune, lavis brun sur papier bleu, H. 194 ; L. 274 mm, Galerie Terrades.
Ensuite, nous avons eu le plaisir d’observer des dessins habituellement en réserve. Parmi les dessins encadrés - que chacun a pu tenir entre ses mains - se trouvent les œuvres de Federico Zuccaro, de Pierre de Cortone, de François Boucher et d’Augustin Pajou notamment. L’étude de Zuccaro, réalisée au crayon noir et à la sanguine, est préparatoire à l’un des personnages qui ornent la chapelle des Farnèse à Caprarola. On sait que Zuccaro portraiture ses proches et amis pour décorer les murs de la chapelle. Ici, l’artiste représente un homme regardant vers la droite, et reprend la position de sa main tenant un verre. Nous avons pu apprécier la délicatesse du trait de crayon et le style raffiné de ce dessin qui sont des éléments représentatifs des portraits dessinés par Zuccaro. Le dessin de François Boucher, exposé au Salon du Dessin en 2017, représente un musicien jouant un instrument peu identifiable. L’artiste étudie la position des mains et accentue le regard de l’homme dirigé vers le spectateur.
À gauche : Federico Zuccaro, Portrait d'un homme, crayon noir et sanguine, Galerie Terrades.
À droite : François Boucher, Étude d'un musicien, sanguine, Galerie Terrades.
Enfin, Antoine Cahen nous a montrés de nombreux dessins conservés en portefeuille. Il nous a présenté une aquarelle de Louis-François Cassas, illustrant un site en Israël, puis un paysage réalisé à la sanguine vers 1750 par Jean-Baptiste Marie Pierre, dans un bel état de fraîcheur ! Sans oublier, un dessin du peintre espagnol Luis Paret y Alcarzar, de retour de l’exposition que vient de lui consacrer la Bibliothèque Nationale de Madrid. Élève de Charles de la Traverse, Luis Paret y Alcazar travaille aussi avec Antonio González Velázquez, avant d’être à plusieurs reprises médaillé à l’académie de San Fernando. Peu connu en France, cet artiste réalise ici un dessin préparatoire pour L’Annonce de l’ange à Zacharie, conservé dans la chapelle de San Juan del Ramo de l’église de Santa Maria de la Asuncion à Viana. Ce dessin est publié dans le catalogue d’exposition consacrée à l’artiste qui s’est déroulée à la Bibliothèque Nationale de Madrid entre le 25 mai et le 16 septembre 2018.
À gauche : Jean-Baptiste Marie Pierre, Ruines, v. 1750, sanguine, Galerie Terrades.
À droite : Luis Paret y Alcazar, Détail de L'Annonce de l'ange à Zacharie, 1785, plume et encre de Chine, lavis d'encre de Chine, H. 400 ; L. 350 mm, coll. particulière.
Merci !
Nous remercions chaleureusement Antoine Cahen pour son accueil, ses explications savantes associées au plaisir de faire circuler les œuvres parmi les membres de l’association présents.
Le complément de Bella Maniera :
Maelyss Haddjeri est diplômée en Master de l'Ecole du Louvre, où elle a étudié l'oeuvre dessiné de Bartolomeo Passerotti (1529-1592). Elle se destine à réaliser une thèse et est chargée de mission au sein de Bella Maniera durant quatre mois.
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